Des orchidées sauvages rares et menacées accueil atlas ⮝

De nombreuses espèces d'orchidées sont en régression dans les paysages de plaine du fait de la raréfaction des prairies naturelles non amendées. Ce type d'habitat subsiste encore ça et là en Brie des Morin. Plusieurs espèces d'orchidées exceptionnelles y ont été récemment découvertes ou re-découvertes. Certaines étaient inconnues sur ce territoire, ou considérées comme disparues du département depuis plus de 50 ans.


Biologie et écologie.

Note: Le menu en haut de page et le diaporama permettent d'accéder à une présentation de chaque espèce.

Prairie ancienne dans la vallée du Petit MorinUne prairie ancienne dans la vallée du Petit Morin.

On sait aujourd'hui que la plupart des plantes à fleurs entretiennent des relations complexes avec des champignons. Les filaments constituant le mycelium permettent au champignon d'extraire du sol de l'eau et des éléments minéraux qu'il cède à la plante, tandis que celle-ci fournira au champignon des sucres qu'elle a élaborés. Une des particularités des orchidées est qu'elles sont dépendantes de différentes espèces de champignons dès la germination des graines qui ne peut se produire qu'en leur présence.

La plupart des orchidées sont également dépendantes de différents insectes pour la pollinisation, étape clef de la reproduction des plantes à fleur. Attirés par différentes stratégies, les insectes transportent le pollen de fleurs en fleurs, et assurent ainsi leur fécondation. Les insectes peuvent être attirés par le nectar produit par les fleurs. Mais certaines orchidées ne produisent pas de nectar, elles se contentent de ressembler à des fleurs qui en contiennent pour leurrer les insectes. Les ophrys ont une stratégie encore plus élaborée : leurs fleurs imitent les femelles de certains insectes, y compris les phéromones sexuelles, ces molécules diffusées dans l'air par les femelles pour attirer les mâles.

Les feuilles de nombreuses espèces (par exemple des genres Orchis, Ophrys et Dactylorhiza) forment une rosette plus ou moins plaquée au sol qui apparaît en automne ou en hiver. La plante fleurit au printemps, puis les parties aériennes meurent et disparaissent après la fructification, jusqu'à l'apparition d'une nouvelle rosette dès l'automne ou l'hiver suivant.

Beaucoup d'espèces d'orchidées ont des exigences assez strictes concernant la nature du sol. Une majorité se développe uniquement sur des sols plus ou moins calcaires ou neutres, d'autres préfèrent des sols acides. Les conditions d'humidité recherchées sont variables. Les espèces les plus menacées vivent sur des sols anciens, structurés par des processus lents, et peu modifiés par les activités humaines. Dans les prairies, elles disparraissent rapidement en cas d'apport de fertilisants, notamment d'azote.

La fréquence des fauches ou l'intensité du pâturage influent aussi sur le maintien des populations. En cas d'absence de fauche et de pâturage, les arbres et arbustes colonisent plus ou moins rapidement la parcelle qui devient progressivement forestière et trop ombragée. A l'opposé, les fauches printanières et le pâturage trop intensif ne permettent pas à ces plantes de terminer leur cycle de développement, donc de produire des graines et de se reproduire. Dans les deux cas, les orchidées déclinent et finissent par disparaître de la parcelle.

 

Répartition sur le territoire, état des connaissances

Orchis grenouille
Coeloglossum viride - Orchis grenouille -, une espèce discrète particulièrement menacée.

La carte de synthèse ci-dessus montre le nombre d'espèces menacées observées par commune ou par carré de deux kilomètres de côté sur le territoire du projet de Parc Naturel Régional. Fin 2020, un total de 22 espèces a été inventorié dans ce périmètre et 11 d'entre elles sont menacées selon la liste rouge régionale et sont donc prises en compte sur la carte.

Nos prospections n'ont certainement pas été exhaustives. D'autres données que celles présentées ici existent notamment dans la base de données du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien. Cette dernière contient aussi les données de cet atlas de la Brie des deux Morin à l'exception des plus récentes qui n'ont pas encore été transmises. Chaque fiche espèce propose un lien direct vers la carte du CBNBP.

Trois espèces plus ou moins menacées dans la liste rouge d'IdF sont mentionnées dans la base de données du CBNBP mais n'ont pas été observées lors de nos prospections. Ces espèces n'apparaissent donc pas sur la carte ci-dessus, et elles ne font pas l'objet de fiches espèce. Deux d'entre elles ont peu de chance d'être retrouvées car il s'agit d'observations très anciennes. Une est peut-être encore présente bien que connue sur une seule station. Voici la liste de ces trois espèces, avec l'année et la commune de l'observation la plus récente. Le lien pointe sur la fiche du CBNBP.

- Spiranthes autumnalis Spiranthe d'automne (Une seule station connue. Dernière observation à Jouarre en 1849, Statut liste rouge régionale: En danger)

- Épipactis des marais Epipactis palustris (Une seule station connue. Dernière observation à Luzancy en 1934, Statut liste rouge régionale: Vulnérable)

- Épipactis rouge sombre Epipactis atrorubens (Une seule station connue. Dernière observation à La Chapelle-Moutils en 2003, Statut liste rouge régionale: Quasi-menacé)

Les espaces susceptibles d’accueillir les espèces d'orchidées les plus emblématiques s'étendent sur une surface relativement réduite puisqu'il s'agit essentiellement de prairies naturelles anciennes non améliorées, beaucoup d'orchidées étant très sensibles à l'ajout de fertilisants dans le sol. Compte-tenu des découvertes récentes, ce type d'habitat mériterait un repérage et des prospections exhaustives, puis un suivi régulier. De telles recherches pourraient réserver quelques bonnes surprises.

Les connaissances sont actuellement assez bonnes dans la vallée du Petit-Morin. Les prairies des vallées du Grand-Morin et de ses affluents, ainsi que celles des coteaux de Sainte-Aulde sont sans doute moins bien cernées.

 

Enjeux à l'échelle du Parc Naturel Régional en projet

dépôt_déchetsUne prairie à orchidées menacée par l'embroussaillement et les dépôts de déchêts à Verdelot.

On estime que 10% des espèces d'orchidées ont disparu de la région Ile-de-France depuis 1950, d'autres ont perdu 90% ou plus de leurs effectifs. Ce déclin s'explique par la disparition ou la dégradation des habitats favorables, en particulier des prairies naturelles.

En Brie des Morin, les coteaux des différentes vallées concentrent encore de beaux ensembles de ces prairies anciennes, c'est là que l'on trouve la plupart des orchidées menacées dont certaines devenues rarrissimes. Nous avons par exemple sur ce territoire la dernière station connue en Ile-de-France de l'orchis grenouille Coeloglossum viride, une quarantaine d'autres stations ayant été détruites dans la région.

Le territoire du projet de Parc Naturel Régional est porteur d'une responsabilité non négligeable pour la préservation, à l'échelle régionale, de plusieurs espèces d'orchidées du fait de leur présence significative dans ce périmètre. C'est notamment le cas de l'Orchis bouffon Anacamptis morio, de l'Orchis grenouille Coeloglossum viride, de l'Orchis de mai Dactylorhiza majalis, de l'Epipactis pourpre Epipactis purpurata, de l'Orchis brûlé Neotinea ustulata, et de l'Orchis mâle Orchis mascula.

 

Documents:


Liste des espèces observées en Brie des Morin

orchidaceae