L'Osmyle à tête fauve dans la vallée du Petit-Morin

Un insecte discret et méconnu 

Osmylus fulvicephalus

Appartenant à l'ordre des Neuroptera et de la taille d'une petite libellule, cette espèce discrète est passée pour disparue d'Ile-de-France vers 1980. Depuis, elle a été redécouverte dans plusieurs secteurs de la région, toujours dans des milieux plutôt bien préservés.

Les larves sont semi-aquatiques, elles vivent à la limite entre l'air et l'eau de petits cours d'eau. Elles sont souvent dissimulées dans des mousses et sont carnivores, recherchant de petits arthropodes comme des acariens aquatiques ou des larves de diptères.

Les adultes volent avec peu d'endurance et restent cantonnés à proximité du ruisseau qui a permis leur développement larvaire. Ils ont pour habitude de se poser sous différents supports : troncs tombés au-dessus de la rivière, feuillages, anfractuosités des rives. Ils sont omnivores et se délectent du miellat déposé par les pucerons, ils recherchent aussi le pollen notamment celui du chêne, et complètent leur menu avec quelques petits arthropodes. 

 

habitat d'Osmylus fulvicephalus

Habitante des ruisseaux forestiers

Un gros ruisseau ou un minuscule ruisselet lui conviennent tout autant. On ne connait pas finement les exigences de l'Osmyle quant à la qualité de l'eau, mais les lieux qu'elle fréquente sont réputés peu pollués. Un couvert forestier lui est indispensable ainsi qu'une végétation herbacée bien développée.

Osmylus fulvicephalus est une espèce protégée à l'échelle régionale compte-tenu de sa rareté et de la qualité des habitats qu'elle fréquente.

Dans la vallée du Petit-Morin, la première observation connue remonte seulement à l'année 2015. Depuis, des prospections systématiques ont été réalisées et Osmylus fulvicephalus a été repérée sur dix affluents de la partie seine-et-marnaise du Petit-Morin. 

La végétation des abords de plusieurs des cours d'eau concernés sont identifiés comme porteuses d'un fort intérêt patrimonial dans la cartographie des végétations de la vallée du Petit-Morin de Verdelot à Saint-Cyr-sur-Morin réalisé par le Conservatoire de Botanique du Bassin Parisien (CBNBP). Deux variantes de l'aulnaie-frênaie riveraines sont concernées. Elle sont classées comme d'intérêt communautaire et prioritaire dans le cadre de Natura 2000.

Compte-tenu de la discrétion et du vol peu endurant de l'Osmyle, on pense que ces découvertes récentes là où la présence de l'espèce n'avait jamais été rapportée ne s'explique pas par une colonisation récente, mais plutôt par un manque de connaissance, l'espèce n'ayant tout simplement pas été recherchée dans cette partie de l'Ile-de-France.

 

Cordulegaster boltonii

D'autres découvertes aux abords des ruisseaux

Les prospections réalisées sur les ruisseaux dévalant les flancs de la vallée du Petit-Morin ont permis d'autres découvertes intéressantes. C'est le cas notamment de Cordulegaster boltonii, une grosse libellule jaune et noire souvent trouvée dans les mêmes lieux que l'Osmyle. Le Cordulegastre annelé - c'est le nom français de notre libellule - évite cependant les ruisselets à trop faible débit. Assez rare en Ile-de-France, elle est, comme l'Osmyle, protégée à l'échelle régionale.

Plusieurs plantes très rare à l'échelle régionale et menacées selon la liste rouge d'Ile-de-France ont par ailleurs été rencontrées aux abords des cours d'eau lors des prospections. Il s'agit notamment de 

Notons cependant qu’hormis la Laîche maigre, ces espèces ne sont pas directement liées à la présence de ruisseaux mais plutôt aux caractères frais, humides et ombragés des milieux forestiers environnant.

 

Petits cours d'eau mais forte valeur patrimoniale

Les ruisseaux et leurs alentours abritent donc deux espèces d'insecte protégées en Ile-de-France - l'Osmyle et le Cordulegastre annelé -, six espèces de plantes très rares et menacées d'après la liste rouge régionale, des habitats classés comme d'intérêt communautaire et prioritaire dans le cadre de Natura 2000... les affluents du Petit-Morin cumulent décidément les richesses patrimoniales. 

Les sites concernés et leurs abords méritent une attention particulière. La mise en place d'une gestion forestière douce et attentive aux enjeux de biodiversité permettraient de préserver ce patrimoine naturel et même d'en améliorer l'état de conservation. Il serait important de prendre en compte les abords élargis d'au moins quelques dizaines de mètres de part et d'autre des cours d'eau pour englober des habitats variés ainsi que leurs interfaces. 

Le projet de Parc Naturel Régional ainsi que le site classé Natura 2000 Le Petit-Morin de Verdelot à Saint-Cyr-sur-Morin offrent des opportunités et des outils pour la protection de cette faune et de cette flore aussi remarquables qu'essentielles aux deux projets.