D'autres espèces et une conclusion accueil atlas ⮝

Le panorama de la diversité biologique en Brie des Morin brossé à travers les précédentes rubriques n'est pas définitif ni complet. D'autres enjeux existent même s'ils sont parfois mal cernés. C'est le cas par exemple des chauves-souris, d'insectes d'autres groupes que ceux déjà cités, de quelques autres plantes vivant dans des conditions bien particulières, etc... Au final, le territoire de la Brie des Morin s'avère porteur d'enjeux majeurs pour la préservation de la diversité biologique à l'échelle régionale.


D'autres espèces observées lors des prospections n'entrent pas dans le cadre des précédentes rubriques. Quelques-unes sont présentées ici pour compléter le tour d'horizon.

Faune et flore confondues, plus de 2900 espèces ont été recensées en Brie des Morin au 1er janvier 2021. Cet inventaire est certainement loin d'être complet, compte-tenu de la discrétion de certaines espèces, ou des difficultés à les identifier. Les arthropodes (arachnides, crustacés, insectes, myriapodes) sont particulièrement concernés.

 

Craterellus cornucopioides
Trompette des morts Craterellus cornucopioides

Champignons et lichens

Un règne entier, la Fonge, qui regroupe champignons et lichens, est à peine connu alors que plusieurs centaines d'espèces sont certainement présentes sur le territoire de la Brie des Morin. Sans compter le monde microscopique des protozoaires et autres bactéries, deux autres des huit règnes situés à la racine de l'arbre du vivant.

La photo montre des carpophores de Trompette des morts Craterellus cornucopioides. Cet organe apparait brièvement et sert uniquement à la reproduction. Le champignon est surtout dans le sous-sol. Il est constitué d'un vaste réseau de filaments très fins (le mycelium) qui joue un rôle fondamental dans le sol.

 

 

La biodiversité, c'est la diversité des habitats naturels et des espèces qui y vivent, ainsi que la diversité génétique au sein d'une même espèce. Notre approche s'est essentiellement intéressée à la diversité des espèces. Parmi ce qui est aujourd'hui connu, la quantité d'espèces emblématiques vivant en Brie des Morin est remarquable. Plus de 100 ont pu être présentées dans ce document. Certaines sont absentes du reste de l'Ile-de-France. Une forte proportion d'entres-elles est localisée dans les prairies naturelles, certains boisements, ainsi que les rivières, les ruisseaux et les mares des vallées du Petit-Morin et du Grand-Morin.

 

Cigale du genre Cicadetta dans la vallée du Petit-Morin
Une Cigale du genre Cicadetta fréquente la vallée du Petit-Morin (deux stations connues) - Il existe plusieurs espèces très proches, qui ne peuvent être distinguées que par leur chant très aigus nécessitant une audition parfaite pour être entendu.

Les insectes: 1738 espèces recensées.

Au total, 1738 espèces d'insectes ont été identifiées en Brie des Morin, dont 620 lépidoptères, 572 coléoptères, 179 hémiptères, 210 diptères, 49 hyménoptères et 34 orthoptères. Beaucoup d'autres sont encore à inventorier. La plupart est mal connue (traits de vie, répartition) et n'est pas évaluée dans les listes rouges régionales ou nationales.

Certaines espèces disparaissent sous nos yeux, comme le Criquet des roseaux Mecostethus parapleurus (très rare en IdF, espèce déterminante Znieff) qui n'était connu en Brie des Morin que sur une station découverte en 2015 et détruite en 2016.

 

 

Le bilan provisoire que l'on pourrait tirer de ce travail d'inventaire est contrasté. Les découvertes récentes sont nombreuses et enthousiasmantes, elles démontrent que la biodiversité en Brie des Morin est loin d'être banale. Pourtant, le déclin est palpable, par exemple à travers le caractère relictuel des populations de certaines espèces, ou bien l'embroussaillement menant à la disparition d'anciennes prairies, ou encore les destructions directes de prairies par l'urbanisation qui ont encore été constatées ces dernières années.

 

Barbastella barbastellus
Barbastelle d'Europe - Barbastella barbastellus

Chauves-souris et autres mammifères

Les connaissances concernant les mammifères de la Brie des Morin sont encore parcellaires, particulièrement en ce qui concerne les chauves-souris. Plusieurs espèces rares et menacées ont cependant été signalées sur ce territoire, comme par exemple la Barbastelle d'Europe Barbastella barbastellus (classée CR en danger critique d'extinction à l'échelle régionale dans les listes rouges), le Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros (EN, en danger) et le Grand Murin Myotis myotis (VU vulnérable).

La présence du Putois Mustela putorius est aussi à signaler. Ce mustélidé lié aux zones humides est en déclin, considéré comme quasi-menacé à l'échelle régionale.

 

 

Une des caractéristiques fondamentales de nos paysages et des écosystèmes qui les composent est qu'ils ont été, depuis la préhistoire, co-construits par la nature et les activités agricoles, au gré d'une lente évolution des techniques et connaissances agronomiques et de la démographie. Une accélération de ces évolutions s'est amorcée à partir du 18ème siècle, puis des bouleversements rapides se sont succédés à partir des années 1950 et se poursuivent encore aujourd'hui. Initialement, il s'agissait de répondre à un accroissement de la population en produisant davantage, mais aussi de diminuer la pénibilité des travaux agricoles.

Aujourd'hui, l'agriculture se trouve confrontée à de nouveaux défis, notammant celui du déclin de la biodiversité dont elle est une des causes tout en étant porteuse de solutions. Son rôle est central compte-tenu de l'importance des surfaces agricoles, d'autant plus que ces dernières comprennent les prairies naturelles, un des habitats parmi les plus remarquables du territoire.

La prise en compte de la faune et de la flore sauvage concerne également la gestion des milieux forestiers, et plus généralement des espaces naturels ou semi-naturels publics ou privés. L'attention de chacun pour la nature est essentielle pour parvenir à enrayer le déclin de la biodiversité dans les paysages que nous habitons.

Concernant les milieux herbacés et les lisières, un document très bien conçu propose d'adopter dix principes de gestion des zones herbeuses pour épargner la faune et la flore.